« Mais c'est que du charlatanisme l'hypnose ! »
IDÉE REÇUE #1 :
« L'hypnose ça ne fonctionne pas.
Et quand ça marche, ce n'est que par effet placebo. »
« Est-ce que l’hypnose c’est efficace ? » … je me pose la question.
« Est-ce que l’hypnose ça fonctionne ? » … tu te poses la question.
« Est-ce que l’hypnose ça marche ? » elle/il se pose la question.
Et nous pourrions continuer à conjuguer cette interrogation de mille façons.
Car vous et moi, accompagnés de quelques 450 000 autres humains, nous avons déjà posé la question à notre ami Google. Et ça, rien qu’en France !
C’est donc tout naturel que nous allions démêler ensemble le vrai du faux. Pour ce faire, je vous propose de me suivre, je serai votre guide. Avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de me présenter : je m’appelle ‣ Victor, et je suis praticien en thérapies brèves à Rouen. Je suis installé depuis 5 ans en cabinet libéral où −comme vous− hommes, femmes, adultes et enfants cherchent des réponses, et plus souvent ‣ un simple « coup de main » pour avancer sur leurs propres chemins.
IDÉE REÇUE #1
« L’HYPNOSE, Ça ne marche pas »
Maintenant les présentations faites, et que vous êtes rassurés sur le fait que « il doit sûrement savoir de quoi il parle » … permettez-moi de vous demander de ne pas me faire confiance sur parole. Oui, je sais, ce n’est pas banal. Mais après tout, un hypnothérapeute qui répond à la question « Est-ce que l’hypnose ça fonctionne ? », avouez … C’est un peu prêcher pour sa paroisse, vous ne trouvez pas ? Par conséquent, oublions la croyance et laissons place à la Science. Venez avec moi, nous allons au plus simple ; voyons et écoutons ce que les scientifiques en disent.
1. Est-ce que l’hypnose ça fonctionne sur la santé du corps ?
Allons au plus efficace voulez-vous ? Car je pourrais tout à fait vous parler de l’Histoire de l’hypnose et de ce qu’elle nous apprend sur ses bénéfices. Ou bien de James Esdaile qui ouvrira en 1846 le champ de l’anesthésie sous hypnose, seulement 4 ans après la découverte de … l’anesthésie tout court ! Mais c’est là de l’Histoire ancienne et dépassée ; voyons ce que la science moderne nous en raconte plutôt.
➢ Commençons donc avec l’année 2000, où David Spiegel publie une étude dans le journal The Lancet. Si ces noms ne vous disent rien, sachez que pour le dire simplement : le plus éminent chercheur en hypnose a publié ses résultats de recherche dans l’un de journaux scientifique les plus prestigieux au Monde.
Spiegel a analysé dans cette étude les bienfaits de l’hypnose lors d’opérations chirurgicales. 240 patients qui devaient subir une opération en restant conscients ont été répartis en groupes : A (prise en charge hypnose) et B (prise en charge classique). Pendant l’opération les patients répondaient à des questions toutes les 15m et pouvaient demander des anti-douleurs si ça devenait trop douloureux. Quatre points étaient observés : la tension artérielle, l’intensité de douleur ressentie, la quantité d’anti-douleur demandée et le niveau de stress ressenti. Les résultats, affichés en version simplifiée ici, sont sans appel : dans tous les domaines, la prise en charge avec hypnose se révèle bien meilleure que la prise en charge sans hypnose. [1]
« L’hypnose a apporté la preuve de ses bénéfices lors de lourdes procédures médicales » (Spiegel)
➢ En 2003, l’APA (Association de Psychologie Américaine) demande à un autre scientifique, Mark Jensen, de se pencher sur la question. Il étudie l’ensemble des publications sur l’hypnose disponibles à l’époque, et dans les conclusions de sa recherche, il écrit [2] :
• « Ces études démontrent un effet tangible et positif de l’hypnose sur la réduction de la douleur. Les données cliniques indiquent que l’hypnose est fiable, mais aussi efficace, dans les situations de douleurs aiguës ou chroniques. »
• « Il a été trouvé que la prise en charge de la douleur avec hypnose était systématiquement meilleure que la prise en charge habituelle, mais parfois également meilleure que les autres traitements disponibles (médicamenteux). »
Ces résultats seront d’ailleurs validés à nouveau en 2007, par Gary Elkins, qui arrivera sensiblement aux mêmes conclusions, et ajoutera dans cette étude [3] : « Pour une grande variété de problèmes de douleur, les traitements par hypnose sont plus efficaces que d’autres traitements non-hypnotiques […] et la grande majorité d’entre eux incluent des techniques d’auto-hypnose. »
➢ En 2021, Leonard S. Milling va plus loin encore dans les découvertes à ce propos, car entre temps, 20 années sont passées et de très nombreuses recherches ont été faites sur l’apport de l’hypnose dans la gestion de la douleur. Que ce soit au bloc opératoire, des douleurs causées par un accident, par une maladie durable, ou tout autre chose encore .. tant que ça parle d’hypnose et de douleur, Elkins le passe en revue. Après avoir compilé deux décennies de recherches, il parvient finalement à tirer une moyenne de tous ces chiffres et de toutes ces données : 73%. Et si vous vous demandez à quoi ça correspond, je vais laisser Leonard vous le dire avec ses propres mots [4] :
« Un patient recevant de l’hypnose voit ses sensations douloureuses réduire de 73% par rapport à un patient ne bénéficiant pas d’hypnothérapie. Les résultats que nous avons obtenus ne font que renforcer le constat selon lequel l’hypnose est une technique d’une grande efficacité. » (Milling)
➢ L’année suivante, en 2022, une autre étude, de Morris Gordon aborde également les intérêts de l’hypnothérapie dans le traitement d’une maladie appelée « FAP ». Cette maladie est peu connue, mais nous intéresse car c’est ce qu’on appelle un trouble « psychosomatique ». C’est un mot fort compliqué pour parler d’une chose fort simple : une maladie qui est créée ou aggravée par notre esprit (« c’est dans ta tête » dit-on parfois maladroitement pour en parler).
Gordon a étudié la différence entre traitements avec ou sans hypnose chez sa population de patients : les enfants ! Chez ces jeunes gens qui souffrent de crampes abdominales intenses et douloureuses, le contraste avec/sans hypnose est encore plus saisissant. Il ne se voit pas seulement dans la réduction de la douleur ; l’hypnose tend aussi à favoriser la rémission de cette maladie chez un certain nombre d’entre eux. Dans la conclusion de sa publication, il écrit [5] :
« L’hypnothérapie doit être vu comme un traitement du FAP chez l’enfant, et ces nouveaux résultats devraient être vus comme des pistes de recherche sérieuses à l’international. » (Gordon)
✧ En conclusion, pour ce qui est de son efficacité sur la santé physique, on peut déjà dire que :
• l’hypnose est un outil essentiel au bloc opératoire
• elle y permet un moins grande consommation d’anti-douleurs
• elle aide à maintenir une bonne tension artérielle
• l’hypnose participe à une meilleure gestion du stress et de l’anxiété
• quelque soit la douleur, elle permet de réduire grandement notre souffrance
• l’hypnothérapie permet parfois une meilleure rémission des maladies physiques
• et finalement, elle a des bénéfices sur les problèmes corps-esprit
Mais si on s’intéresse moins au corps, et plus à l’esprit :
L’hypnose est-elle aussi efficace en psychologie et en thérapie qu’en médecine ?
Références :
[1] « Adjunctive non-pharmacological analgesia for invasive medical procedures, a randomisez trial » (David Spiegel & al.)
→ DOI : https://doi.org/10.1016/S0140-6736(00)02162-0
[2] « Hypnosis & Clinical Pain » (Mark P. Jensen & al.)
→ DOI : https://doi.org/10.1037/0033-2909.129.4.495
[3] « Hypnotherapy for the Management of Chronic Pain » (Gary Elkins & al.)
→ DOI : https://doi.org/10.1080/00207140701338621
[4] « Hypnosis and the Alleviation of Clinical Pain, a comprehensive Meta-Analysis » (Leonard S. Milling & al.)
→ DOI : https://doi.org/10.1080/00207144.2021.1920330
[5] « Psychosocial Interventions for the Treatment of Functional Abdominal Pain Disorders in Children » (Morris Gordon & al.)
→ DOI : https://doi.org/10.1001/jamapediatrics.2022.0313