« Mais c'est que du charlatanisme l'hypnose ! »
IDÉE REÇUE #1 :
« L'hypnose ça ne fonctionne pas.
Et quand ça marche, ce n'est que par effet placebo. »
« Est-ce que l’hypnose c’est efficace ? » … je me pose la question.
« Est-ce que l’hypnose ça fonctionne ? » … tu te poses la question.
« Est-ce que l’hypnose ça marche ? » elle/il se pose la question.
Et nous pourrions continuer à conjuguer cette interrogation de mille façons.
Car vous et moi, accompagnés de quelques 450 000 autres humains, nous avons déjà posé la question à notre ami Google. Et ça, rien qu’en France !
C’est donc tout naturel que nous allions démêler ensemble le vrai du faux. Pour ce faire, je vous propose de me suivre, je serai votre guide. Avant d'entrer dans le vif du sujet, permettez-moi de me présenter : je m’appelle ‣ Victor, et je suis praticien en thérapies brèves à Rouen. Je suis installé depuis 5 ans en cabinet libéral où −comme vous− hommes, femmes, adultes et enfants cherchent des réponses, et plus souvent ‣ un simple « coup de main » pour avancer sur leurs propres chemins.
IDÉE REÇUE #1
« L’HYPNOSE, Ça ne marche pas »
Maintenant les présentations faites, et que vous êtes rassurés sur le fait que « il doit sûrement savoir de quoi il parle » … permettez-moi de vous demander de ne pas me faire confiance sur parole. Oui, je sais, ce n’est pas banal. Mais après tout, un hypnothérapeute qui répond à la question « Est-ce que l’hypnose ça fonctionne ? », avouez … C’est un peu prêcher pour sa paroisse, vous ne trouvez pas ? Par conséquent, oublions la croyance et laissons place à la Science. Venez avec moi, nous allons au plus simple ; voyons et écoutons ce que les scientifiques en disent.
3. « Quels sont les résultats pour l’hypnose ?
Et à quelle reconnaissance a-t’elle droit ? »
C’est une question épineuse, car si l’hypnose ne fait que prouver son efficacité, encore et encore, dans la plupart des champs où elle est utilisée, la reconnaissance de la discipline, elle, n’avance pas aussi vite. Laissez-moi vous expliquer cela, en allant au plus simple.
➢ En France, deux personnages historiques interfèrent encore de nos jours avec la reconnaissance pleine et entière de l’hypnose. Le premier est Franz Anton Mesmer (avec un seul 'S', un hypnotiseur qui a vécu au 18e siècle). Si vous ne connaissez pas l’histoire de Mesmer [11], disons que pour faire simple : c’était un génie, mais un génie qui s’est perdu dans son égo. Il a contribué grandement au développement de l’hypnose, mais dès que les scientifiques ont commencé à jeter un œil à son travail, au lieu de participer au développement de la science (et de l’hypnose avec elle), il a fuit et s’est mis tout le milieu scientifique à dos. C’en est arrivé à un tel point qu’il est devenu à la fin de sa vie le symbole même du charlatan. Le problème, c’est qu’en France où il vivait à l’époque, cela a entaché sa réputation certes, mais aussi celle de l’hypnose (qui est loin d’être du charlatanisme comme vous avez pu le constater).
« Franz-Anton Mesmer reste un personnage controversé. Il peut être présenté d'abord comme un médecin charlatan, qui inspire l'occultisme et le spiritisme du 18 et 19e siècle. Ou comme un médecin précurseur de l'hypnose et des psychothérapies. Ou comme un médecin influent des Lumières, représentatif des conflits et contradictions de son époque. » (Ellenberger)
➢ Sigmund Freud est le deuxième obstacle du passé au développement de l’hypnose en France. Car celui qu’on appelle « le père de la psychanalyse » a été grandement inspiré par l’hypnose. L’hypnose lui a permis de rencontrer plusieurs phénomènes : le psychodynamisme (Mesmer), la catharsis (Breuer), l’inconscient (Charcot), la suggestion (Bernheim), autant de termes provenant d’hypnotiseurs qui sont au centre de sa psychanalyse. Malheureusement pour nous, l’hypnose n’est pas « restée de mode » à l’époque, et avant d’élaborer la psychanalyse … Freud voulait plus que tout devenir connu, et être respecté ! En 1917, il écrira comme un un aveu dans son ‘Introduction à la Psychanalyse’ : « Je suis en droit de dire que la psychanalyse proprement dite ne date que du jour où l’on a renoncé à avoir recours à l’hypnose ». L’abandon de l’hypnose par Freud a laissé des traces, car en Allemagne et en France où la psychanalyse a toujours une place importante chez les psychologues, un certain nombre d’entre eux négligent purement et simplement l’hypnose [12 & 13].
« Il ne fait aucun doute que le domaine de la thérapeutique par l’hypnose dépasse très largement celui des autres méthodes de traitement des maladies nerveuses. Dans le cas où la maladie est d’origine purement psychique, l’hypnose satisfait à toutes les exigences que l’on peut avoir à l’égard d’une thérapie. En interrogeant et calmant le malade sous hypnose profonde on obtient la plupart du temps le plus brillant des succès. » (Freud)
➢ Ces deux hommes ont grandement contribué à la médecine et à la psychologie, mais ont du même coup mis à mal l’hypnose en France. Outre-Atlantique, l’hypnose est très bien considérée, et encore davantage quand elle est mariée à d’autres méthodes de soin ou de thérapie. Chez nous, en France, nous avons un vague sentiment que « l’hypnose doit faire ses preuves », hérité de ce passé malheureux. Mais peu importe, les mentalités changent doucement. En 2015 en France, l’INSERM (Institut National de la Santé et de la Recherche Médicale) a publié son rapport dans lequel il est admis que l’hypnose n’est pas du charlatanisme, car sans danger et relativement efficace [14].
« Il existe une vingtaine d’études cliniques. Les résultats sont variables ; il existe néanmoins suffisamment d’éléments pour pouvoir affirmer que l’hypnose à un intérêt thérapeutique potentiel. En ce qui concerne la sécurité de l’hypnose les études sont rassurantes. Il faut toutefois être vigilant sur les dérives éthiques : comme dans de nombreuses autres techniques de soins non conventionnels, une règlementation des pratiques serait ainsi souhaitable. » (INSERM)
➢ Ce qui est formidable avec cette conclusion de l’INSERM, c’est qu’elle est à la fois positive, et permet à l’hypnose de continuer son développement en France ; mais pour les hypnothérapeutes français, elle peut laisser un goût amer. Cela laisse l’impression qu’il y a peu de données scientifiques sur l’hypnose, et que nous faisons notre travail « en amateur », sans réglementation. Si on compte les études de toutes nationalités, il y a plus de 8000 publications scientifiques sur l’hypnose aujourd’hui, et voilà presque 10 ans que certains d’entre nous se battent pour la reconnaissance d’un titre protégé, « hypnothérapeute » ayant été proposés au Sénat à de multiples reprises. Si à l’heure où j’écris ces lignes, l’hypnose est reconnue en France, il n’y a pas encore la reconnaissance professionnelle de ceux qui la pratiquent.
→ Néanmoins, c’est une bonne chose, c’est un signe que notre pays prend au sérieux la santé physique et mentale, et des institutions comme le SNH (Syndicat National des Hypnothérapeutes) et l’IRHC (Institut de Recherche en Hypnose Clinique) travaillent à maintenir un dialogue sain entre l’état, les scientifiques, le corps médico-psychologique et les hypnothérapeutes. Car au bout du compte, nous serons toujours alliés et dans le même camp : celui du soin (professions médicales) et/ou de l'accompagnement (professionnels de la santé mentale) des patients.
➢ Un dernier élément mérite d’être noté ici, car il fait partie de l’actualité récente, et va probablement participer à changer le regard porté, partout à l’international, sur l’hypnothérapie. En début 2024, le journal ‘Frontiers in Pychology’ a sorti le compte-rendu de Jenny Rosendalh et de son équipe. Cette vaste publication s’appuie sur pas moins de 261 études scientifiques et plus de 40 000 patients. Il faut voir cela comme un « états des lieux » de l’hypnose [15].
Voici les résultats globaux de l’hypnothérapie :
• réduction des symptômes qui entourent le cancer et la chimiothérapie (-36,7% par rapport à la norme) *voir point de vigilance*
• réduction du stress et de l’anxiété (-22,6% par rapport à l’absence d’hypnothérapie)
• réduction de la douleur en cas de maladies chroniques (-19,4% par rapport aux patients n’ayant pas d'hypnose)
• résolution/réduction des troubles psychosomatiques, tels que : anxiété, difficultés d’endormissement, dépression, stress post-traumatique, etc … (-13,7% par rapport à l’absence d’hypnose, l’utilisation de placebo, ou même l’utilisation des traitements médicamenteux classiques)
• réduction de l’usage de produits antidouleurs pendant l’accouchement (-5,4% par rapport aux patientes ne recevant pas d’hypnose ou recevant un placebo)
« [Dans 261 recherches et pour 40 524 patients], l’hypnose s’est relevée positive 99,2% du temps, et a eu un effet particulièrement significatif dans plus de la moitié des cas (63,6%). » (Rosendahl)
✧ Pour résumer à propos de la reconnaissance et des résultats globaux de l’hypnose :
• Mesmer a développé mais a également ternie l’image que le grand public a de l’hypnose en France
• Freud s’est grandement inspiré de l’hypnose et de ses illustres figures, mais l’a abandonné par ambition personnelle, poussant indirectement ses suivants à la négliger
• cette histoire malheureuse de l’hypnose ne l’empêche pas de regagner progressivement ses lettres de noblesse
• les autorités reconnaissance l’hypnose en elle-même, mais pas encore les professionnels qui la pratiquent
• les hypnothérapeutes, leurs syndicats (comme le SNH) et d’autres institutions (comme l’IRHC) participent à ce que cela change, en démontrant leur sérieux aux scientifiques français et aux autorités de santé
• les recherches attestent des bénéfices importants de l’hypnose pour la santé physique, tout comme pour la santé mentale
• les dernières recherches, conduites largement, témoignent d’effets majeurs dans la gestion de la douleur, la régulation émotionnelle, la résolution/diminution de troubles corps-esprits
• une écrasante majorité d'études démontrent que l'hypnose a un effet qui va bien au-delà d'un simple effet placebo
• dans moins d’1% des cas l’hypnose n’a pas d’effet ... le reste du temps (plus de 99% du temps !), l’hypnothérapie se révèle positive, si ce n’est très bénéfique
Autant dire que l'Hypnose & l'Hypnothérapie ont de beaux jours devant elles !
Si vous souhaitez en savoir davantage sur d'autres "légendes urbaines" :
Références :
*point de vigilance* attention aux raccourcis, l’hypnose n’aide pas à « soigner » ni à « guérir » le cancer, mais participe seulement à réduire certaines de ses manifestations et les effets secondaires des traitements parfois « lourds » (chimiothérapies et autres) auxquels la médecine doit souvent recourir pour traiter le cancer ou ralentir son développement
[11] « The Discovery of the Unconscious : The History & Evolution of Dynamic Psychiatry » (Henri F. Ellenberger) → ISBN : 9780465016730
[12] « Introduction à la Psychanalyse » (Sigmund Freud) → ISBN : 9782384552658
[13] « Sigmund Freud présenté par lui-même » (Sigmund Freud) → ISBN : 9782070701827
[14] « Évaluation de l'efficacité de la pratique de l'hypnose » (Bruno Falissard & al.) → WEB : https://presse.inserm.fr/comment-evaluer-lefficacite-de-lhypnose/20504/
[15] « Meta-Analysis Evidence on the Efficacity of Hypnosis for Mental & Somatic Health Issues, a 20-Years Perspective » (Jenny Rosendahl & al.) → DOI : https://doi.org/10.3389/fpsyg.2023.1330238